Découvrir la ville de Medellin

S’expatrier et vivre à Medellin

Cet article est l’oeuvre de Vivien, l’un des fondateurs/rédacteurs de la page El día Francés : un nouveau média dédié aux français et francophones expatriés en Colombie. Il nous livre son expérience en tant que jeune expatrié en Colombie. Installé depuis seulement quelques semaines à Medellin il partage avec nous son regard (encore neuf) sur la culture colombienne.

N’hésite pas à visiter son site web et à suivre ses publications sur Facebook.

Il m’a d’ailleurs interviewé, l’histoire de ma vie se trouve : ici !

Dans le même registre je te conseille aussi de lire ces 3 publications de 3 expatriés :

Je laisse donc place à Vivien :

 

Arrivée à Medellin

Je suis arrivé à Medellin le 23 novembre 2018. C’était ma première fois en Amérique Latine et en Colombie.

Pour me rendre à Laureles, dans le logement que j’avais réservé, j’ai pris un Uber depuis l’aéroport. Ce trajet a été mon premier contact avec la Colombie et ma première impression de Medellin. La circulation était assez difficile et il m’a semblé que les chauffeurs roulaient un peu comme ils le voulaient. Déjà un petit choc culturel.

Un autre élément a retenu mon attention sur le trajet entre l’aéroport et mon immeuble : d’étranges camions/bus pour faire la fête avec une musique assourdissante. Ce que je ne savais pas, c’est qu’un mois plus tard j’allais me retrouver dans l’un de ces camions. Je vous raconte plus bas mon expérience de la Chiva à Medellin.

 

Le quartier de Laureles

Les deux premiers jours, je ne suis pas réellement sorti du quartier dans lequel je résidais. Medellin se divise en 6 zonas, subdivisées en 16 communas, elles-mêmes divisées en 275 barrios. Et il y a encore quelques autres divisions. Mais j’avoue ne pas encore comprendre parfaitement tout ça. Il faut savoir qu’il y a des « estratos » à Medellin (des strates sociales) allant de 1 à 6, et si j’ai bien compris, plus l’estrato est élevé plus l’eau et l’électricité coûtent chers.

Laureles est un quartier assez central, que l’on peut situer au « centre-ouest » de Medellin. Il est avec El Poblado, l’un des quartiers les plus prisés des expatriés. Laureles reste, selon moi, plus authentique et plus populaire qu’El Poblado, quartier devenu très cher et surtout beaucoup trop fréquenté par les « gringos ».

Laureles comporte de nombreux espaces verts et est relativement aéré. On dit souvent que c’est un quartier idéal pour les « digital nomad », grâce à ses nombreux cafés confortables.

 

Visiter Medellin

Etant plus dans une logique de long terme, je ne me comporte pas comme un touriste qui en 3 jours a déjà vu tous les lieux touristiques de Medellin.

Quelques jours après mon arrivée, je me suis rendu à la Comuna 13, lieu incontournable pour qui passe par Medellin lors de son périple.

La Comuna 13 de Medellin

La Comuna 13 est un ancien quartier ultra-dangereux où, si je ne me trompe pas, Pablo Escobar recrutait massivement des jeunes pour former son armée de sicarios. Aussi, les FARCS et l’ELN étaient présents dans ce quartier mêlant trafic de drogues, criminalité de masse et racket.

En 2002, le controversé, mais non moins populaire, président Álvaro Uribe a ordonné un « nettoyage » de ce quartier. L’opération Orión a été menée conjointement par l’armée colombienne, la police colombienne et les paramilitaires. Je n’ose pas avancer de chiffres sur le nombre de morts et de blessés car les chiffres officiels comme non-officiels sont contestés. Ce qui est certain c’est que l’opération a été radicale et que l’Etat a pu reprendre le contrôle de ce quartier.

Aujourd’hui, la Comuna 13 est le symbole de la transformation urbaine et sociale de Medellin. La Comuna 13 est relativement sûre de jour (je m’y suis baladé un peu hors des chemins balisés) et ces habitants accueillent, dans l’ensemble, positivement le tourisme.

Ce que je trouve extraordinaire à la Comuna 13, c’est l’énergie déployée par ses habitants pour la faire revivre. De nombreuses maisons ont été repeintes dans des couleurs chaudes pour lui redonner vie. Les escaliers ont été peints de plusieurs couleurs, les murs « graffés » … Je suis loin d’apprécier le « street art » de manière général, mais je dois admettre que c’est assez épatant. Personne ne peut juger la Comuna 13 sans être venu sur place.

L’art urbain de la Comuna 13 est avant tout salvateur. Portant toujours les stigmates de son passé, l’art a été non seulement un exutoire et une forme de mémoire pour les habitants de la Comuna, mais également un moyen de redonner confiance aux jeunes. Certains des artistes natifs de la Comuna 13 sont désormais des vedettes internationales.

On trouve dans la Comuna 13 des escalators mais aussi un système de télécabine (à la station de métro San Javier) pour désenclaver les barrios les plus éloignés. Le miracle de Medellin n’est pas un hasard, mais plutôt une volonté politique.

 

Pueblito Paisa, Museo de Antioquia et Jardin Botanico

Après la Comuna 13, j’ai progressivement visité de nombreux lieux de Medellin et de ses alentours. Je ne peux ici être exhaustif mais au moins résumer quelques visites incontournables.

Le Pueblito Paisa est une réplique d’un village paisa construit en 1978 sur l’une des collines de Medellin, en plein milieu de la ville. Il s’agit en réalité d’une petite place de village avec une église et quelques bâtiments. Le Pueblito Paisa parait assez authentique, mais est en revanche envahi de touristes. Et il faut savoir que la majorité de ces touristes sont colombiens. Tout en haut de la colline, la vue panoramique de Medellin est vraiment extraordinaire.

 

Le Museo de Antioquia, situé place Botero, est le deuxième plus ancien musée de Colombie. Il fait la fierté des habitants de Medellin. Classé monument national depuis 1995, ce musée retrace, à travers une composition d’objets historiques et artistiques, l’histoire d’Antioquia et de la Colombie. Si vous êtes un fan inconditionnel de Botero, je vous le recommande, un étage entier lui est consacré.

 

Le Jardin Botánico est un parc d’environ 13 hectares comprenant au moins 4,500 variétés de fleurs et 139 espèces volatiles. Je n’ai pas trouvé le parc extraordinaire, mais il est assez plaisant de s’y balader dans une ville où le bruit et les voitures sont omniprésents. Faites attention où vous mettez les pieds, de nombreux iguanes se baladent dans le parc.

 

 

La chiva

Une chiva est un bus/minibus aux formes particulières. Le véhicule est fait de bois et de métal, souvent récupérés d’autres bus ou camions. Vous reconnaîtrez aisément une chiva à ses couleurs vives… et souvent à sa musique. Les chivas étaient avant des véhicules permettant de voyager en Colombie.

Appelés « chivas rumberas », ces bus sont destinés aux fêtards qui veulent tenter une expérience singulière. Et c’est exactement ce que vous vivrez en faisant un tour dans une chiva de Medellin.

Les chivas sont alignées dans la rue et se remplissent au fur-à-mesure. Il y a plusieurs types de chivas, dont certaines spécialement destinées à la danse. Ne demandez pas à quelle heure part la chiva, personne ne sait, encore moins les chauffeurs. Il suffit de monter dans une chiva et d’attendre le départ.

Une fois la chiva partie, la musique commencera et vous deviendrez probablement sourd. Simple habitude à prendre. J’espère que vous aimez la musique colombienne, car vous aurez le droit à toute la variété. Promis, à la longue on finit par s’y habituer, et même par apprécier…

Bref, la chiva c’est amusant. Vous devez aussi savoir que le bus roule parfois à 50/60 km/h et qu’il n’y a ni portes ni fenêtres. Les rebords sont découpés pour que vous ne passiez pas par-dessus bord, mais on y pense forcément. L’expérience n’en est que plus plaisante.

Pendant 3 à 4 heures, vous aurez le droit à tous les morceaux du répertoire colombien, à une tournée complète de nuit dans la ville et peut-être quelques danses plaisantes avec des colombiens ou des colombiennes… Aussi, la moitié des véhicules klaxonnent au passage de votre chiva, surtout lorsque l’autre véhicule est une autre chiva. Je ne vous décris pas l’ambiance lorsque deux chivas se rencontrent.

Vous l’aurez compris, la « chiva rumbera » est une expérience inoubliable. Que j’ai appréciée.

 

Le danger à Medellin

Il m’apparaît impossible de parler de Medellin sans évoquer les questions de sécurité. C’est évidemment le premier sujet associé à la ville de Medellin… pour tous ceux qui n’y vivent pas. Avant de venir à Medellin, j’avais tout de même un peu peur (moins que ma famille) et certaines histoires sont effrayantes. Medellin a longtemps été la ville la plus dangereuse du monde. Les chiffres de la criminalité restent encore assez élevés bien que divisés par dix en une vingtaine d’années.

Selon moi, cette question est un tabou pour beaucoup trop de colombiens. Ils sont nombreux à dire qu’il n’y a aucun problème en Colombie ou à Medellin. De l’autre côté, le nom même de Medellin suscite des réactions disproportionnées de la part d’étrangers qui n’y mettront jamais les pieds. Au final, les blogueurs français qui abordent cette question finissent par couper la poire en deux «Medellin n’est plus une ville dangereuse, mais il convient de faire attention, et aussi de ne pas dar papaya ». J’aimerais me démarquer en donnant un écho légèrement différent, mais reste que ce poncif résume bien Medellin.

Le problème, c’est que l’on se base généralement sur des ressentis. Vous trouverez toujours un expatrié pour vous dire que la Colombie ne craint absolument pas, car il y est depuis 10 ans et qu’il n’a eu aucun problème. Après seulement un mois et demi à Medellin, je serais tenté de vous dire la même chose car je ne me suis pas senti en danger une seule fois, même en sortant un peu des sentiers battus. Je ne peux pas en dire autant de la France et de certains quartiers.

De plus, les chiffres que l’on sort ne veulent pas dire grand chose. D’une part, les chiffres officiels ne sont jamais réellement fiables. D’autre part, les chiffres peuvent toujours être interprétés de plusieurs manières. Par exemple, si l’on regarde de près les chiffres de la criminalité à Medellin, on se rend compte qu’il s’agit essentiellement de règlements de compte entre bandes. Aussi, il semblerait que la violence gratuite n’existe pas réellement en Colombie, et là, on ne peut pas en dire autant de la France.

Pour conclure sur la sécurité, je dirais que je ne me sens pas plus en danger à Medellin qu’en France. La seule différence ici c’est que les gens sourient spontanément à un inconnu.

 

Les transports en commun de Medellin

Autre source de fierté pour les paisas, le système de transport en commun à Medellin. Et c’est, après le climat et la beauté des femmes, un argument souvent avancé pour préférer Medellin à Bogotá.

Il y a 2 lignes de métro, 5 lignes de metrocable, et une multitude de lignes de bus.

Le métro est moderne et ultra-rapide. Ses deux lignes desservent assez bien la ville, même si de nombreuses personnes se situent dans des enclaves relativement éloignées du métro.

Le metrocable, que j’ai pris une seule fois, est un système de télécabines qui permet justement de désenclaver certains quartiers sur les hauteurs de Medellin, ou simplement loin des zones d’activités. Il est assez rapide et très pratique. Il y a une cabine toutes les 30 secondes. Vous trouverez le metrocable au bout des lignes de métro (le ticket de métro reste valide).

Les lignes de bus sont nombreuses. Mais je n’ai jamais pris un bus. Je sais juste qu’ils paraissent compliqués, alors qu’ils sont en réalité pratiques. Si j’ai bien compris, on peut demander à tout moment au chauffeur de bus de s’arrêter. De même, n’importe quel piéton peut faire signe au conducteur afin qu’il s’arrête sur la chaussée. Il n’y a pas réellement d’arrêts.

Niveau prix, les tickets coûtent l’équivalent de 60 centimes d’euros (2.400 pesos colombiens), et ils coûtent encore moins cher pour qui détient la fameuse « tarjeta civica ». Ce carte, qui s’obtient à l’aide d’une pièce d’identité colombienne, est rechargeable. Je vous la recommande, si vous avez la fameuse cédula de extranjería, car elle permet de payer à peine 50 centimes l’unité. La carte est gratuite.

 

Sentiment général concernant la ville de Medellin

Sans céder à l’euphorie, je suis plutôt optimiste et positif pour Medellin. La vitalité de cette ville est remarquable. Tout bouge vite, tout change vite. Il faut vraiment comprendre qu’un effort extraordinaire a été fait pour donner une nouvelle impulsion culturelle. Les habitants de Medellin sont fiers de leur ville et la respectent. La dégradation de biens publics et les incivilités ne sont pas courantes.

Mais, je ne suis pas naïf. Je sais que, dans le fond, je ne comprends pas encore cette ville et ce pays.

La qualité de vie à Medellin me parait être la principale qualité de Medellin : le climat, la gentillesse de ses habitants, les infrastructures urbaines, la verdure… Néanmoins, la pollution altère un peu cette qualité (même si l’on me dit que c’est pire à Bogotá), de même que la conduite des chauffeurs. Je pense que l’on craint plus pour sa vie en traversant un passage piéton (quand il y en a !) qu’en se baladant dans un barrio supposé dangereux.

Je n’ai pas encore visité d’autres villes colombiennes, mais avec Medellin, la barre a été placé très haute.

Vivien – El Día Francés

 

Merci encore à Vivien d’avoir partagé son expérience franco-colombienne avec nous.

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¡Hasta pronto!