Créer une entreprise en Colombie : deuxième erreur !
Créer une entreprise en Colombie n’est pas à la portée de tous.
Colombianito te donne un coup de pouce pour ne pas tomber dans les pièges tendus aux novices et t’aide à te poser les bonnes questions pour que ton aventure entrepreneuriale soit un succès (ou un échec sous contrôle et qui t’aidera à développer de nouvelles compétences).
Lire aussi : la première erreur des entrepreneurs
Comme promis, voici un deuxième article sur le thème des erreurs que commettent une grande majorité des entrepreneurs expatriés en Colombie. Nous avons déjà évoqué l’une d’elles hier dans notre premier écrit sur ce sujet. N’hésite pas à lire cet article pour savoir comment de nombreux créateurs d’entreprises se tirent une balle dans le pied avant même d’avoir démarré leur projet entrepreneurial en Amérique Latine.
Croire que c’est facile de créer une entreprise en Colombie
Entreprendre n’est pas chose facile.
Entreprendre à l’étranger l’est encore moins !
La Colombie et de manière générale l’Amérique Latine offrent de nombreuses opportunités aux porteurs de projets et autres investisseurs qui souhaiteraient venir s’y installer pour ouvrir un commerce (voir même plusieurs).
L’industrie des services, le tourisme, la restauration, l’hôtellerie, le secteur du divertissement, l’éducation, l’importation de denrées alimentaires ou de produits étrangers, l’exportation de produits colombiens et bien d’autres domaines sont encore relativement inexploités commercialement.
Le coaching ou les services de consulting sont aussi des marchés qui demandent à être développés.
Cependant il ne suffit pas de détecter un vide au sein d’un marché colombien ou bien l’absence d’une quelconque offre pour pouvoir s’emparer d’un secteur tout entier et espérer rouler sur l’or (ce serait bien trop simple).
L’absence d’offre ne rime pas forcément avec une demande insatisfaite.
Ne pas cibler un public spécifique
L’une des erreurs les plus communes des créateurs d’entreprises qui font le choix de s’expatrier en Colombie est souvent de croire qu’un produit qui a du succès à l’étranger (en France ou ailleurs) trouvera forcément son public sur le territoire colombien.
Bien que les colombiens partagent de nombreuses valeurs et autres habitudes de consommation avec les divers peuples latins, il vivent cependant au sein d’une réalité bien différente de celle des européens, des français, des espagnols ou même de leurs voisins équatoriens, panaméens et vénézuéliens.
Avant de chercher à créer une entreprise en Colombie il est important de s’efforcer de comprendre le pays, sa population et la façon de vivre de cette dernière.
Un concept difficile à appréhender pour un entrepreneur expatrié est par exemple celui d’ « estrato social ». En effet, la population colombienne est classifiée en strates sociales numérotées de 1 à 6. Le chiffre 1 représentant la frange la moins favorisée de la population et le chiffre 6 celle qui jouit des revenus les plus confortables. Ce système de classification sociale pourrait être, dans une moindre mesure, comparé aux castes indiennes.
D’un côté une majorité de colombiens souffre d’un accès à des services publics plus que défaillants (eau, gaz, électricité, santé, éducation) et de l’autre une minorité peut s’offrir un cursus académique de qualité avoisinant les 70 millions de pesos colombiens (on arrondira à 30.000 euros) digne des meilleurs universités européennes et dispose d’employés de maison pour assumer ses corvées quotidiennes (linge, cuisine, ménage) au sein d’un loft aux aspects floridiens dans une ville telle que Cartagena de Indias ou Barranquilla.
Bien sûr je te présente ici un résumé très sommaire de ce que sont la Colombie et les diverses réalités qui s’y côtoient.
Ecouter le podcast : business et services publics en Colombie
Lire aussi : la Colombie, pays aux multiples visages
Ne pas segmenter le marché colombien
Sans parler forcément d’expatriation, beaucoup d’entrepreneurs ne prennent pas le temps de bien définir leur client cible. L’erreur la plus commune dans ce domaine est de vouloir faire plaisir à tout le monde.
J’ai travaillé pendant longtemps avec un couple d’entrepreneurs dont la spécialité est de produire et de commercialiser des chaussures de mode dont les talons et les semelles (brevetés en Colombie) permettent au pied de l’utilisatrice de souffrir le moins possible au fil des heures.
Cible avouée des entrepreneurs : les femmes colombiennes âgées de 15 ans et plus.
Sans même entrer dans un débat sur les strates sociales, les différentes cultures présentes en Colombie ou les différences mercantiles qui existent entre les nombreuses régions du pays… je pourrais lister d’innombrables raisons pour lesquelles une jeune fille de 15 ans, une femme active qui avoisine la trentaine et une jeune retraitée de 65 ans ne voudraient pas chausser les mêmes escarpins ou en tout cas ne pas en être conscientes.
Je cite cet exemple car ce sont des amis et qu’ils ont su prendre les bonnes décisions pour rectifier le tir mais je pourrais facilement en lister une vingtaine d’autres dans le même cas. On ne peut ni leur en vouloir ni les railler… tout le monde rêve d’inventer le nouveau produit à la mode et qu’on se l’arrache dans les cours de récré et les maisons de retraite. Cependant il ne faut pas oublier qu’à ses débuts même Facebook avait une stratégie de segmentation de marché très restreinte (le réseau n’était accessible qu’à un nombre réduit d’universités prestigieuses).
Ne pas comprendre le client colombien
On dénombre donc deux problèmes ici. Premièrement il est nécessaire de comprendre la complexité colombienne, la culture et le quotidien que vivent les habitants de ce pays avant de chercher à être le nouveau businessman à la mode et espérer faire fortune sur Cali ou Barranquilla.
Voir aussi : les 7 clés du business en Colombie (formation)
Mon conseil est donc de venir passer un peu de temps sur le territoire colombien avant de te lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Il faut côtoyer des colombiens de tous milieux, découvrir plusieurs villes (petites et grandes), visiter plusieurs régions et t’intéresser aux problématiques quotidiennes auxquelles peuvent être confrontés tes éventuels prospects. Etudier l’espagnol dans sa version colombienne et est aussi une bonne manière de comprendre certains aspects de la diversité culturelle présente dans cette région du monde.
Segmentation client en Colombie : déterminer le client idéal
Deuxièmement, il faut définir un client cible précis. On parle ici de segmentation client. C’est d’ailleurs ce que proposent par exemple le célèbre « modelo CANVAS ». Tu dois te poser un certain nombre de questions primordiales avant de débuter ton activité :
- A qui ai-je envie de faire plaisir ?
- Qui est le client de mes rêves ?
- Où habite-t-il ?
- Quels sont ses revenus ?
- Qui sont ses proches ?
- Que fait-il de son temps libre ?
- Quel est son niveau d’études ?
- Pourquoi a-t-il besoin de moi ?
- Que va lui apporter mon produit/service ?
La liste n’est absolument pas exhaustive et nous pourrions parler de ton client pendant des heures. C’est l’élément le plus important de ton business.
Si tu le souhaites je t’offre 45 minutes d’accompagnement (j’adore parler de segmentation client et de business model à la sauce colombienne).
Nous parlions de talons hauts et de semelles orthopédiques un peu plus haut. Le raisonnement et la démarche sont exactement les mêmes pour une crêperie bretonne ou un service d’accompagnement à l’export vers l’Europe. Il est primordial d’avoir en tête la segmentation de ton marché cible ainsi que ses caractéristiques.
La Colombie offre aujourd’hui de nombreuses opportunités d’affaires aux éventuels entrepreneurs expatriés. Il faut cependant bien faire l’effort de comprendre la complexité des marchés et des consommateurs locaux qui sont souvent difficiles à décrypter pour les nouveaux-venus.
D’autres lectures qui pourraient t’intéresser :
- Erreurs d’entrepreneurs en Colombie #01
- Créer une structure légale en Colombie (livre)
- Quelques conseils pour faire des affaires en Colombie
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On se retrouve bientôt pour un nouvel article sur la création d’entreprise en Colombie.
¡Hasta Pronto!
Excellent article Doniphane.
Je remarque la même chose, un produit qui fonctionne en Europe ne peut pas être reproduit à l’identique. Le facteur culturel est important.
Merci pour ton commentaire Sébastien.
On en reparlera certainement dans un autre article.
A bientôt !