Aujourd’hui en Colombie, je reçois un mail de la part de l’un de mes étudiants qui conteste sa note d’examen final. Il a pris soin de mettre en copie la directrice de programme et deux ou trois autres administratifs de l’université (il est chaud bouillant).
Je jette de nouveau un œil à son devoir, c’est un pur copié-collé. Un bon gros plagiat à peine maquillé. Je prépare donc un mail, plutôt froid, pour lui expliquer qu’il a enfreint les règles de l’université, certaines lois colombiennes, et qu’il risque un conseil de discipline ou même un renvoi de l’établissement. Je prends aussi soin de mettre en copie son devoir en surlignant tous les passages qui ne sont pas de lui.
Problème : je me suis trompé de copie. Il y a deux Juan Miguel dans ce groupe… et je les ai confondus !
Il s’en rend compte et renvoie un mail plutôt salé à ma direction (qui pour le moment est restée hors du débat). C’est mal parti, je sens que je vais passer pour un idiot…
Je prends le temps d’analyser la situation, je relis les mails de l’élève… il y a un truc qui cloche ! Pourquoi est-il monté sur ses grands-chevaux aussi vite ? Une fois sa copie retrouvée, je lance mon logiciel anti-plagiat, je teste quelques extraits de son examen dans le champ de recherche de Google, et surprise : c’est aussi un plagiat !
Juan Miguel est pire que Juan Miguel !!
J’ai un petit sourire en coin quand j’écris ces quelques lignes :
Cher Juan Miguel,
Je tiens tout d’abord à te présenter mes excuses, j’ai effectivement confondu ta copie avec celle de ton camarade éponyme. J’espère que tu sauras pardonner cette faute de professionnalisme avérée. En copie de mon mail, tu trouveras ton examen et sa correction. Il s’agit là-aussi d’un plagiat. Les sanctions encourues restent les mêmes.
N’hésite pas à prendre contact avec moi ou la directrice de programme si tu as le moindre doute.
Cordialement.
J’ai pris soin de faire suivre ce mail à ma hiérarchie et j’ai passé une bien bonne journée ! Aucune nouvelle des « Juan Miguel » pour le moment.
Bilan : J’ai rarement eu des différents avec les bons élèves de mon université. Certains sont même devenus de très bons amis. Après 8 ans dans le monde de l’éducation, je continue d’être impressionné par le culot de certains cancres.
Se seraient-ils habitués à un certain laxisme ambiant ?
Se rendent-ils seulement compte de ce qu’ils font ?
À demain, en Colombie !
Doniphane,
Ce n’est pas très étonnant cette affaire. Dans le système préuniversitaire publique colombien, il y a un laxisme énorme et les élèves s’habituent à certains « arrangements » avec les profs (ay prooofeee, por favoooor….). Arrivés à l’université ils ont tendance à vouloir continuer… Et dans certaines institutions ou les étudiants sont avant tout des clients, on les laisse faire…
Bonjour, je pense que c’est une bonne pépite que tu as bien fait de nous raconter !