La crise du COVID-19 est venue chambouler la vie et les habitudes de nombreux étrangers installés en Colombie. Beaucoup sont repartis en urgence en Europe, d’autres essayent toujours de se faire rapatrier et certains sont restés sur place. C’est le cas de Sebastien, mon ami du blog Vivre en Colombie, et c’est aussi le mien.

Aujourd’hui, nous avons décidé de partager notre quotidien d’expatriés en Colombie pendant la crise du COVID-19. Lui et moi habitons en Colombie depuis 2012. Lui à Cali, moi à Barranquilla.

Quand tu auras terminé de lire mon article, je t’invite à consulter le sien : passer la crise du Covid-19 à Cali.

Tu peux aussi consulter ses bonnes raisons de choisir Cali au moment de s’installer en Colombie. Même si, sincèrement, je continue de penser que Barranquilla est une bien meilleure option 😉

L’article qui suit est organisé de la façon suivante (tu peux cliquer pour accéder à la partie qui t’intéresse) :

Bonne lecture !

Ma vie à Barranquilla avant le Covid-19

Barranquilla et son ambiance festive

J’habite Barranquilla depuis maintenant un peu plus de 8 ans. Je m’y suis installé en 2012 après avoir découvert la ville au cours d’un semestre d’échange universitaire en 2010. Tombé sous le charme de ses habitants, j’ai décidé de m’y installer pour entreprendre. J’occupe aussi un emploi à temps plein en tant que professeur de Marketing au sein d’une université locale (Universidad Simón Bolívar).

Barranquilla est la quatrième ville la plus peuplée de Colombie (1,2 millions d’habitants). Malgré une superficie supérieure à celle de Paris, Barranquilla reste selon moi un grand village. Pas de stress ambiant, aucune animosité de la part des résidents dans la rue, peu ou pas de conflits dans les zones que j’ai l’habitude de fréquenter.

Les barranquilleros savent prendre la vie du bon côté et leur réputation de fêtards décomplexés n’est plus à faire. C’est certainement la ville la plus intéressante pour celles et ceux qui aiment les plaisirs simples de la vie : danser, boire un verre, profiter du climat caribéen et des plages de sable volcanique. C’est aussi la ville du carnaval le plus connu de Colombie (et troisième plus grand carnaval au monde).

Mon job à Barranquilla

Professeur au sein d’une université de la Côte Caraïbe, j’ai cours 4 jours par semaine. La plupart de mes classes sont programmées entre 18 et 21h00. La grande majorité (75% environ) du public de mon université travaille le jour et étudie la nuit. Mes rares cours du matin sont calés entre 8 et 12h00.

Les groupes me semblent surchargés. Quarante étudiants pour un seul professeur… difficile de proposer un contenu adapté à chacun. J’ai d’ailleurs du mal à imaginer comment s’organisent les cours de langues…

Pour ma part, tout se passe plutôt bien, les étudiants sont volontaires, l’ambiance est agréable et plutôt joviale en cours. Le rapport élève/professeur est ici très décomplexé. C’est ce qui me plaît de cette région du pays. Je peux partager mes connaissances tout en y ajoutant une touche d’interculturalité et surtout parler de mon expérience entrepreneuriale entre les deux pays. Je crois que mon profil d’entrepreneur/voyageur français motive une certaine frange d’étudiants à être assidus en cours. Mes classes sont souvent un bon prétexte pour dériver sur des sujets de culture générale et/ou de chocs culturels qui sont propres à mon vécu.

J’occupe le reste de mon temps à accompagner des entrepreneurs colombiens dans la création de leur business ou la consolidation de leurs points forts (marketing, vente, communication, web).

Temps libre, voyages et blogging en Colombie

Ma vie est divisée en 2. Professeur la semaine, voyageur et blogueur le week-end (ou tout autre moment de temps libre).

Chaque fin de semaine, je pars à la découverte d’une destination ou d’un attrait culturel colombien pour ensuite proposer une vidéo et/ou un article à celles et ceux qui voudraient venir découvrir la Colombie. J’aime me perdre dans des régions peu touristiques et découvrir des aspects de la culture colombienne qui ne sont que très peu (ou pas du tout) médiatisés.

Colombianito entame sa quatrième année. Ce qui n’était qu’un passe-temps et un moyen de donner un coup de pouce aux autres expatriés francophones de Colombie a pris bien plus d’ampleur que je ne l’imaginais.

Avec une publication vidéo chaque semaine, je ne pense pas baisser le rythme et compte bien couvrir de plus en plus de destinations et évènements culturels !

Mon quotidien avant le Covid-19 en Colombie : visiter mon pays d’accueil.

Ce qui a changé pour moi pendant la pandémie en Colombie

Barranquilla et son ambiance festive (version COVID-19)

Ici, les règles sont supposées être très strictes. Interdiction de sortir sauf cas d’extrême urgence. J’ai le droit de sortir de chez-moi une fois par semaine. Ce jour correspond au dernier numéro de ma « cédula » (carte d’identité). La mienne termine part un 0. Cette semaine je pourrai sortir le lundi pour faire mes courses.

En cas de non-respect des règles, l’amende s’élève à 936.323 pesos colombiens. Environ 250 euros au taux de change en vigueur.

À Barranquilla il est possible de sortir une fois par semaine pour faire ses courses. C’est le système « pico & cédula ».

Barranquilla est et restera toujours Barranquilla : Covid ou pas !

En 2014, Checo Acosta chantait « Quien lo vive es quien lo goza« . Traduction approximative : « Celui qui le vit, c’est celui qui en profite » (référence au carnaval de la ville). Je pense que ce slogan s’applique globalement à la ville de Barranquilla et à sa région.

C’est à la fois sa principale force : une joie de vivre ambiante envoûtante, un sens de l’accueil inné des habitants, une bonne humeur et une chaleur humaine communicatives…

Mais aussi sa principale faiblesse : impossible pour de nombreuses personnes de la côte de comprendre et de respecter les normes de biosécurité ou de distanciation sociale. Tout est prétexte à la célébration, à l’échange, à la discussion. La vie n’a pas spécialement changé depuis l’entrée en vigueur des procédures d’isolement (il y a maintenant 4 mois).

Mon voisinage continue d’organiser des fêtes, des anniversaires, d’inviter des amis et de la famille. Mon quartier continue de jouer aux dominos, de papoter devant la « tienda » (sans masque) et de boire une bière à l’ « estanco » au coin de la rue (les policiers sont là aussi).

Lire en espagnol : Rhum, danse et domino : la fête des mères pendant le Covid à Barranquilla

Pour ma part, je suis enfermé depuis presque 120 jours maintenant. Je suis sorti furtivement 4 ou 5 fois pour aller faire mes courses et 3 autres pour participer à des actions humanitaires. Une grande partie de la population caribéenne a vu son niveau de revenus diminuer pendant la pandémie. La misère sociale, déjà très présente, n’a fait que se renforcer au cours des 4 derniers mois.

Mon job à Barranquilla (version COVID-19)

Mon université colombienne a su être très réactive et se réinventer pour faire face aux enjeux du COVID-19. Dès la mi-mars, tous les cours ont commencé à être dispensés en ligne (via ZOOM ou Microsoft Teams). Après une petite dizaine de jours d’adaptation et de formation des professeurs, tout fonctionnait déjà plutôt bien.

Pour le coup, j’ai été agréablement surpris. Les colombiens ont la réputation d’être désorganisés et peu ponctuels. Par contre, on peut leur reconnaître une grande qualité : la flexibilité et aussi une certaine faculté d’adaptation. Après avoir discuté avec de nombreux amis francophones, j’ai la sensation que la transition a été beaucoup plus douloureuse et moins bien supportée en France et en Europe. Ici les professeurs et les étudiants, dans leur grande majorité, n’ont pas rechigné à s’adapter à ce changement soudain.

Cependant… de nombreux étudiants n’ont pas la possibilité d’étudier dans de bonnes conditions à la maison. Foyer familial bondé (les colombiens vivent en famille au sens large), problèmes d’accès à Internet et coupures de courant sont souvent des problématiques récurrentes. Un simple orage ou une pluie fine peuvent parfois suffire à provoquer une pénurie d’électricité dans tout un secteur de la ville.

Le Covid-19 est venu creuser un peu plus le gouffre social en termes d’accès à l’éducation. Certains de mes étudiants n’ont pas d’ordinateur, d’autre se doivent de le partager avec leur fratrie. Les frais de scolarité élevés sont parfois difficiles à assumer en période de pandémie. La désertion universitaire est la problématique centrale du semestre 2020-2.

Philippe Caillaud a fait une très bonne vidéo sur la gestion et les impacts de la pandémie en Colombie, je t’invite à y jeter un œil:

Temps libre, voyages et blogging en Colombie (version COVID-19)

Avec l’arrivée du COVID-19 en Colombie j’ai vu mon capital temps libre grimper… tandis que mes activités de voyage sont au point mort (comme celle de la plupart des voyageurs/blogueurs soucieux de respecter les normes de quarantaine en Colombie). J’ai suspendu la publication de mes vidéos de voyages jusqu’à nouvel ordre. Ce serait, à mon sens, de mauvais goût d’inciter au voyage alors que la Colombie traverse une crise sanitaire majeure.

Bien que la Colombie reste une destination qui fait rêver, les connections sur mon site ont diminué de moitié entre mars et avril 2020. L’heure n’étant plus au voyage ou à l’expatriation, mes articles sont pour le moment beaucoup moins consultés que d’habitude. Le blog qui normalement me permet de compléter mes revenus enregistre aujourd’hui des résultats négatifs (je perds de l’argent avec le blog). Ce thème ne m’inquiète pas spécialement pour le moment, je sais que la Colombie reste attractive et que des milliers de touristes et autres businessmen francophones reviendront bientôt dans mon pays d’accueil.

Sans aller jusqu’à dire que cette crise est une aubaine pour moi, j’ai réussi à profiter de la conjoncture pour me lancer dans un autre projet web qui porte déjà ses fruits.

COVID-19 et futur proche en Colombie

La pandémie actuelle et sa gestion (parfois hasardeuse) soulèvent de nombreuses questions :

  1. Le système de santé colombien est-il à la hauteur ?
  2. La politique actuelle permet-elle de protéger les colombiens qui sont dans le besoin ?
  3. Le monde de l’éducation sortira-t-il grandi de cette expérience ?
  4. Le tourisme reprendra-t-il immédiatement à la fin de la pandémie ?
  5. Y aura-t-il un « avant » et un « après » COVID-19 en Colombie ?

Mon point de vue (très subjectif) sur le sujet :

  1. Non. Tu payes, tu vies. Si tu ne payes pas… on verra.
  2. Absolument pas et ce n’est pas près de changer.
  3. Vaguement. Certains professeurs ont su profiter de l’occasion pour se former aux nouvelles technologies. Cependant, les inégalités sociales subsisteront encore longtemps.
  4. Il reprendra de manière progressive.
  5. Carrément pas ! De la même façon qu’il n’y aura pas un « avant » et un « après » Covid -19 en Europe. Le touriste solidaire sera encore plus solidaire, le business conquistador sera encore plus un conquistador.

Comme je l’expliquais un peu plus haut, les colombiens savent s’adapter aux aléas de la vie. Ils sont, pour la plupart, d’une nature flexible et savent positiver. Si tu veux en savoir un peu plus sur la société colombienne, je t’invite à lire les 6 choses importantes qu’il faut connaître sur son orgnanisation.

N’oublie pas de consulter l’article de mon ami Sebastien : vivre à Cali pendant le Covid-19.

¡Hasta pronto!