Arrivé en 2010 en Colombie au travers d’un échange universitaire j’ai par la suite décidé de m’y installer définitivement courant 2012. S’expatrier en Amérique Latine est un choix de vie à la fois passionnant et éprouvant. Etre français en Colombie offre son lot de bonnes surprises mais aussi parfois de déconvenues.

Comme chaque vendredi cet article a été rédigé conjointement avec Sebastien du blog VivreEnColombie. En bas de page il nous offre son point de vue de suisse expatrié en Colombie depuis maintenant plusieurs années.

Sur son blog tu pourras découvrir son expérience, et  quelques détails sur les sentiments que l’on peut éprouver en tant qu’immigré/expatrié en Colombie. N’hésite pas à consulter son article : être étranger en Colombie.

 

Etre français en Colombie

Les colombiens apprécient les français

C’est un fait indéniable, les colombiens ont une perception relativement positive des français. L’image qu’on les gens de notre pays et de ses habitants est plutôt bonne dans cette région du monde.

Les colombiens sont par nature des personnes accueillantes et toujours prêtes à venir en aide aux étrangers qui souhaitent en savoir plus sur leur pays et/ou s’y installer. Ils sont pour la plupart curieux et n’hésitent pas à poser des questions aux éventuels expatriés et autres touristes qui croisent leur chemin. Cependant j’ai la nette impression qu’être français en Colombie offre un petit plus.

Nombreux sont ceux qui rêvent de visiter Paris, connaissent la renommée des vins et autres parfums de confection française ou s’extasient devant le tour de France. L’histoire colombienne a aussi été marquée par quelques inspirations révolutionnaires françaises.

 

La nationalité française offre ici certains privilèges

Le fait d’être français en Colombie permet parfois de bénéficier de traitements de faveur sans même que l’on ne cherche à en jouir. Je ne parle pas seulement du renouvellement gratuit du Permis PIP ou du visa vacances travail qui est totalement gratuit (voir le prix des visas colombiens). Je fais ici référence au traitement réservé aux étrangers qui viennent se promener en Colombie.

Les colombiens sont pour la plupart soucieux de laisser aux visiteurs étrangers la meilleur impression possible de leur pays et se plient parfois en quatre pour réussir leur coup.

Au delà de ça, la Colombie est un pays encore relativement inexpérimenté en ce qui concerne le tourisme et l’accueil de populations venues d’ailleurs. La vague d’européens et d’américains expatriés qui afflue depuis quelques années n’était pas forcément prévue et/ou prévisible et de nombreux habitants s’étonnent encore d’avoir des voisins blonds aux yeux bleus.

En tant que français en Colombie on devient alors vite le « franchute » ou le « francesito » du quartier, du centre commercial du coin ou du centre hospitalier dont on dépend. Les gens nous reconnaissent et ne nous oublient pas facilement.

C’est à la fois agréable et aussi un peu déroutant par moment… quand un chauffeur de taxi se souvient de toi mais toi non.

 

Etre français en Colombie : les prix changent-ils ?

Certains affirment que le fait d’être étranger est parfois un problème au moment de régler l’addition ou d’acquérir un quelconque bien ou service. Les colombiens surchargeraient la facture.

Personnellement je n’ai jamais eu ce problème. Je connais les prix de différents services que j’utilise régulièrement et il ne faut pas avoir peur de s’affirmer. Les rares cas ou quelqu’un a voulu gonfler ma note j’ai réussi à débloquer la situation en me rigolant un bon coup et en affirmant que j’étais costeño-français. Cela fait souvent sourire les gens et ils se ravisent quant au tarif. Le fait de dire qu’on est en couple avec un local est une bonne astuce aussi pour gagner la confiance de ses interlocuteurs et ne pas trop se faire avoir.

Cela-dit, comme je le disais un peu plus haut… je ne crois pas que les colombiens soient abusifs quant aux tarifs qu’ils appliquent aux étrangers (bien sûr il existe des exceptions, notamment dans les zones le plus touristiques ou pendant des périodes spécifiques telles que le carnaval de Barranquilla).

 

Etre français en Colombie et rechercher un emploi

A tord ou à raison l’Europe véhicule ici l’image d’un continent fortement éduqué et capable d’apporter de la valeur aux entreprises locales. C’est plutôt un bon point si tu viens chercher du travail en Colombie.

Cependant le fait d’être français en Colombie ne t’ouvrira pas forcément toutes les portes. Il ne faut pas oublier que les colombiens ont besoin de temps pour faire confiance à des inconnus et qu’ils préfèrent généralement embaucher leurs proches plutôt qu’un nouveau venu (qu’il soit français ou non).

Certaines opportunités imprévues peuvent cependant s’offrir à toi : professeur de langues, interprète, traducteur…

 

Les préjugés sur les français en Colombie

Tu pourrais essayer de passer inaperçu en Colombie mais il y a de grandes chances pour que ton look te trahisse. Dans tous les cas ton accent ne te permettra pas de nier tes origines bien longtemps !

Les colombiens, et une bonne partie de la planète, connaissent les différents préjugés adossés à la nationalité française :

On peut aussi éventuellement écouter de temps à autre que les français sont racistes et n’apprécient pas les « latinos« . Argument qui me fait personnellement beaucoup rire car la France appartient à l’Europe Latine et sa langue découle de la branche linguistique neo-latine.

Bref, à toi de tout faire pour que ces préjugés ne soient pas confirmés par tes éventuels contacts et amis colombiens.

Ecouter les podcasts :

 

Français en Colombie : tu seras toujours un étranger

Quoi qu’il en soit, malgré tous tes efforts pour t’intégrer, la gentillesse infinie des colombiens et la profonde amitié qui règne entre ces deux pays… en tant que français en Colombie tu seras et resteras toujours un français en Colombie.

Même si les valeurs et croyances de nos deux régions du monde sont relativement similaires et qu’il existe un lien fraternel indéniable entre nos pays tu ne pourras jamais affirmer t’être intégré à 100% en Colombie. C’est d’ailleurs certainement valable pour toute autre zone du globe.

Il arrive toujours un moment ou ta nationalité et ton origine te reviennent en pleine figure. Cela peut prendre plusieurs formes :

  • Un sourire en coin quand tu essayes de t’exprimer le mieux possible
  • Une incompréhension culturelle lors d’un événement en société
  • Des références musicales ou des jeux d’enfance que tu ne connais pas
  • Une soirée karaoké sans Claude François
  • Une séance de « tchin-tchin » sans se regarder dans les yeux

N’hésite pas à compléter cette liste en utilisant l’espace commentaires.

 

Le point de vue de Sebastien (VivreEnColombie)

La situation est dans l’ensemble assez semblable. Les Suisses ont très bonne réputation et nous sommes en général bien reçus. On me mentionnera toujours les montres, les couteaux, les Alpes, l’organisation, la ponctualité et la propreté. Beaucoup de colombiens se souviennent aussi de Johan Vonlanthen, joueur de foot Colombo-Suisse, né à Santa Marta, qui a fait partie de l’équipe nationale.

Le fait de ne pas avoir un passé colonialiste est très favorable, mais les gens en viendront toujours à me parler d’argent. Forcément, les colombiens s’imaginent que l’argent des politiciens corrompus et des narcos se trouvent dans les banques suisses.

Beaucoup de colombiens que je croise se contentent des clichés mais ceux qui font partie de mon entourage me demandent souvent des conseils ou mon opinion. Le système politique Suisse si particulier les fascine, tout comme l’intégration des étrangers et l’autonomie des cantons. Du coup, savoir que d’autres systèmes sont possibles les encourage.

Mais comme je l’écris aussi dans mon article, pour tous les efforts d’adaptation que je fais je resterai toujours vu comme un étranger. Un ami, un frère, un caleño de corazón mais je serai toujours Le Suisse (ou le Suédois, l’Italien, le Français, pour les colombiens qui ne maîtrise pas bien la géographie, il y’en a…). Ça ouvre des portes mais ça en referme aussi.

 

Merci Sebastien pour ce nouvel échange d’article entre ton blog et le mien.

A vendredi prochain !